Dans les articles précédent, je parlais entre autres du début de ma quête de jedi pour devenir tatoueur, des interminables recherches qui en suivirent, mais aussi du fait d’apprendre un art complètement par soi-même et du baggage extraordinaire que cet apprentissage apporte. Du fait qu’apprendre par soi-même, c’est avoir le contrôle total sur sa connaissance et détenir le pouvoir inestimable de discerner les informations subjectives des objectives, contrairement à un élève qui est poussé à gober absolument tout ce que le mentor (souvent plus subjectif que l’on pense) peut lui donner , tel un oisillon qui gobe la régurgitation pré-digérée et puante de la bouche de sa mère sans vraiment ce soucier de sa provenance, aussi putride soit-elle. (Trop graphique?) Cet article est en réalité une version plus détaillée de mon processus d’apprentissage, qui peut aussi être vu comme une quête d’amélioration personnelle.
"I believe you should embrace entrepreneurship not because it is a club you join, but because it is lifestyle, full of challenges and self-analysis. (…) Intimidating at first, yes, but conquerable through systematic learning, hard work, disciplined experimentation and adaptation in the face of failure."
-Sean Plott
Commençons par le commencement. J’ai toujours été fanatique de l’adage “quand on veut on peut”, faisant croire à tous les petits enfants qu’ils peuvent devenir astronautes ou médecins si ils le désirent. Le problème est que la réalité rattrape vite les enfants, qui une fois adultes deviennent complètement désillusionnés de ce monde pourris de ces saloperies de belles promesses.
Les rêves et l’ambition prennent doucement la route de la poubelle déchiqueteuse infernale que l’on apelle “la société”, qui se charge gaiement de rappeler même aux plus optimistes que pour faire sa place dans notre monde, il faut se battre. L’enfant passe du rêve de devenir créateur de quelque chose d’extraordinaire, à créateur de quelque chose de potable, pour ensuite accepter un travail placide et aliénant avec un salaire “acceptable”, des avantages sociaux et l’assurance dentaire. Par ici les moutons! Évidemment, certains s’y plaisent (pour certains le confort est préférable à l’aventure, et c’est très bien comme ça). D’autres se font des excuses, et se font croire à eux-même que c’est la vie qu’ils ont toujours désirés. Les belles illusions de grandeurs de l’enfant cèdent maintenant place à la rationalisation, voile invisible et pernicieux, nous poussant à rester paisible et applati face à notre destin déjà rongé jusqu’aux os de toute espérance enfantine. C’est cette condition que les gens appellent “devenir adulte”, ou pire encore, “cesser d’être immature”. À défaut d’avoir ce que l’on veut, on se fait croire que c’est pour le mieux. Je vous le dis donc maintenant, si vous ne vous considérez pas ambitieux, ou que vous croyez que votre vie est bien comme ça et que votre état vous convient, cessez tout-de-suite de lire ceci; le contenu de ces lignes ne vous servirait absolument à rien et est probablement déjà relativement offusquant à lire.
J’ai toujours voulu avoir un travail faisant appel à ma créativité. J’ai toujours voulu avoir un travail amusant, passionnant et payant. L’homme que j’ai toujours voulu devenir est une personne cultivée, charismatique, en bonne forme physique et mentale, intelligente, attirante, allumée, avec le plus de qualités requises pour avoir une existence la plus s’a coche possible. Et je crois que c’est le but qu’absolument tout humain devrait avoir profondément honte de ne pas rechercher: Jouir de la vie le plus puissamment qu’il le peut. Puis un jour, l’espace d’une seconde, je me suis dit que tout ça n’était un rêve naïf, irréaliste reflet d’une personalité trop candide. Puis je me suis réveillé et me suis fixé des objectifs à la hauteur de mes ambitions. Je suis devenu autodidacte.
J’écris ces lignes au moment même où je prend conscience du procédé que je suivais d’abord sans trop y penser, mais qui s’est paufiné au fil de longues heures de réflexion et d’une longue suite d’essais et d’erreurs. Depuis maintenant deux ans, j’ai pris la décision de ne pas poursuivre d’études universitaires à la fin de mes études collégiales en arts visuels. Après m’être demandé ce que je voulais faire de ma vie (entre une coupe de programmes promettant un bon taux de placement et un salaire stable) j’ai décidé de me lancer et d’essayer de devenir artiste tattoueur. C’est de cette façon que j’ai fait la transition d’autodidacte “amateur” à autodidacte “appliqué”.
Ma décision était donc prise, j’allais me lancer tête baissée dans l’abisse ténébreuse d’un rêve ambitieux, incertain et franchement épeurant. Partir de rien, sans papier officiels ni contacts, et littéralement créer son propre gagne-pain à partir de rien d’autre qu’un foutu travail acharné sans aucune garantie d’une quelconque forme de rendement. Afin de pouvoir développer mes talents, j’ai dû quitter mon travail stable de plus ou moins trente-cinq heures semaines pour en obtenir quinze à un autre endroit, tout en déboursant la totalité de mes économies sur l’achat d’équipement, pour ensuite me lancer dans un apprentissage d’une durée indéterminée (encore en cours). Oui, j’avais peur. Mais c’est cette peur, et seulement cette peur, qui laisse planer l’incertitude. La seule chose qui possède le pouvoir de nous empêcher de nous accomplir, c’est nous-même. La seule limite est ce qu’on est prêt à sacrifier, l’effort qu’on est prêt à investir.
On entend souvent les gens parler du terme d’autodidacte, qui veut dire dans sa définition la plus simple: “apprendre par soi-même”, ou apprendre sans se faire apprendre. Quand on y pense un peu, on se rend vite compte qu’en extrapolant le concept sur différents champs d’intérêts, le fait d’apprendre quelque chose en ne disposant que de nous-même promet un potentiel extraordinaire, que ce soit au niveau du développement personnel, professionnel, relationnel ou encore n’importe quel autre mot comportant un suffixe-en-el. Autrement dit, être auto-didacte ouvre absolument toutes les portes, du moins toutes les portes où les aptitudes sont plus importantes qu’un vulgaire bout de papier qu’on appelle un diplôme. Que ce soit dans la quête nietzchéenne de devenir un surhomme, ou dans la quête de toute personne désirant se dépasser elle-même et atteindre ses buts et ses rêves les plus fous, l’autodidactie tient donc une place incommensurable. Mais le problème dans cette définition est qu’elle ne prend pas en compte tout ce que les gens ont en tête en pensant à ce terme, à toutes les implications comprises dans le fait d’apprendre quelque chose sans l’aide d’un mentor.
-Bob y’a appris à jouer de la guitare pi y’a même pas suivis de cours, ça doit bein être un autodidacte!
-NOON! Deuh.
En fait oui, mais non. Par définition le simple fait d’apprendre par soi-même rend autodidacte, mais dans les faits, un simple autoditacte ne peut rien faire d’extraordinaire. N’importe qui avec un restant de cerveau peut apprendre à gratter une guitare. Devenir guitariste virtuose pouvant éxécuter n’importe quelle prouesse musicale à l’oreille, c’est une toute autre chose. Ce dont je parle ici n’a donc aucun rapport avec le simple fait d’apprendre. Je parle d’apprendre dans le but de faire quelque chose de grand. Par exemple de réussir à apprendre quelque chose qui serait normalement enseigné à l’université, et avoir une aussi bonne emprise sur sa connaissance que n’importe quel élève suivant le cours (Ou simplement suivre le programme, faire un peu de cheminement de son côté et dépasser le niveau de connaissance que le programme propose). On pourrais donc en quelque sorte parler d’autodidactie appliquée.
C’est en allant à mes cours au cégep que je me suis rendu compte que ce qui nous fait apprendre, ce n’est pas le cours en soi, mais bien ce que le cours nous force à faire. Un prof de français vous force à lire de la littérature et à écrire des dissertations. Il vous force à apprendre des notions grammaticales dans un livre de grammaire. Mais que ce passerait-il si il n’y avait pas de prof? Okay la réponse la plus évidente est que tous les élèves se jetteraient hors de la classe au plus vite car les cours de français, c’est vraiment ennuyant et personne n’a envie d’apprendre cette matière là. Mais prétendons juste une minute que l’élève n’a pas de prof, et désire ENCORE (invraisemblablement, je sais) apprendre le contenu du cours de français. Qu’est-ce qu’il doit faire pour l’apprendre par lui-même? On ne peut plus simple: Découvrir ce qu’il doit savoir afin de passer son cours. Trouver et acheter les livres qu’il doit lire afin d’apprendre (Livres de grammaire, oeuvres littéraires, etc). Se forcer à passer au travers des lectures. Avoir suffisamment de discipline (c’est-à-dire énormément) pour apprendre. Et finalement, se renseigner pour savoir si il a appris la matière correctement.
C’est de cette manière que l’on peut apprendre virtuellement n’importe quoi. Chaque action que l’élève de français doit faire représente ce que je vais appeler les cinq piliers (ou étapes) de l’autodidactie, pilliers que je viens soit-dit-en-passant tout juste d’inveter mais qui à mes yeux font pas mal de sens:
1: Identification des objectifs.
2: Identification des ressources
3: Assimilation des ressources
4: Autodiscipline
5: Auto analyse
-Identification des objectifs:
Il faut simplement indentifier tout ce qu’on doit apprendre. Dans mon cas par exemple, il me fallait apprendre les procédés d’hygiène et de stérélisation, la nommenclature des équipements, l’évaluation de la qualité et de la réputation des différentes marques d’encres et de pièces, le fonctionnement et entretien d’une machine, les types de machines et leurs différences, les techniques d’utilisations de la machine, des techniques de dessin, et finalement des notions de marqueting et de gestion d’entreprise. Si vous êtes vraiment interessés à votre but, vous avez déjà probablement accompli cette étape au préalable.
-Identification des ressources:
Après avoir trouvé quelles sont les compétences ou connaissances requises, il faut trouver ce qui va vous permettre d’apprendre. Forums en ligne, bouquins, mentors, youtube, google, n’importe quelle source d’information qu’on juge pertinente.
-Assimilation des ressources:
Le principal. On prend toutes les sources d’informations et on se les enfonce bien profond dans la tête. On passe ensuite au travail.
-Autodiscipline:
La principale différence entre celui qui échoue et celui qui réussit. Contrairement à ce que plusieurs pensent, l’autodiscipline ne consiste pas simplement à avoir un bon niveau de contrôle. Le but est en réalité d’encadrer ce niveau de contrôle avec des démarches strictes. Imaginez devoir remettre un travail à un professeur alors que vous n’avez pas de date limite. Imaginez devoir faire un examen de contrôle sans même qu’il soit évalué. C’est perdu d’avance. Il faut être dur avec soi-même. Il faut se créer des contraintes, et les voir comme des obligations. Car si vous remettez à plus tard aujourd’hui, vous allez aussi le faire demain. Et si vous pensez avoir assez de volonté pour réellement le faire demain, vous vous enfoncez un doigt dans l’oeil. Si vous avez réellement cette dite volonté, le travail va être fait maintenant.
-Auto analyse:
Il faut constater ce qu’on a appris et ce qu’on doit encore apprendre. Faire un peu d’introspection et se rendre compte si on a vraiment appris ce qu’il fallait ou si on a encore la tête enfoncée dans son cul (Mieux vaut se rendre compte qu’on ne sait rien que de penser à tord qu’on sait tout).
Eh voilà!
C’est mon processus. Évidemment, dans ma tête c’est pas mal plus intuitif avec pas mal moins de mots… Mais j’espère vous avoir inspiré un peu à vous botter le derrière encore plus, sinon tant pis. Apprendre par soi-même n’est sûrement pas le chemin le plus facile, mais il est certainnement celui le plus gratifiant. Et la beauté dans tout ça, c’est que les choses qui mont données le plus de fil à retordre à trouver sont celles qui vont rester les plus gravées dans ma mémoire.
Bref, je suis autodidacte.
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