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  • Writer's pictureGuillaume Ricard

Pourquoi je ne répond pas aux questions des apprentis tatoueurs (2/2)

Updated: Nov 17, 2018


Dans la partie 1 de cet article (que vous devez lire à moins de vouloir comprendre fuckall de quoi je parle), je parlais de mon aversion pour l'attitude négative des tatoueurs face aux autodidactes. Cette semaine, j'explique pourquoi malgré cette aversion, je refuse quand-même d'aider les tatoueurs novices en répondant à leurs questions.


Changement de paradigme


J'ai toujours vu la réponse des tatoueurs face aux scratchers comme quelque chose de parfaitement inutile, voir même d'épais en maudit. Oui, c'est plate de savoir que des gens font des tatouages qui font mal aux yeux de la façon la moins safe possible, mais le fait est qu'on ne peux pas les arrêter, et qu'ils sont là parce qu'il y a clairement une demande pour le produit qu'ils offrent. Dans ma tête, c'est un peu comme si un concessionnaire de Ferrari pognait les nerfs parce que parce que du monde vendent des Toyota Tercels usagés; c'est pas le même produit, pi c'est pas la même clientèle.


Mais avec le temps, en me cassant le derrière pour apprendre le métier et en prennant de l'expérience, j'ai progressivement compris quelque chose d'important. Les scratchers, ils sont pas la pour rien, mais l'attitude de marde des tatoueurs face aux débutants non plus.


Depuis un moment avec l'écriture de mon blogue, je commençe à recevoir des messages d'apprentis tatoueurs autodidactes qui veulent me poser des question. Et dans la plupart des cas, ça regarde mal. On me pose des questions dont les réponse sont souvent très facilement trouvables sur google, et la personne qui me pose la question est habituellement déjà en train de tatouer (a.k.a: charcuter) du monde malgré le fait qu'elle ne connait même pas la base. En gros, ça tatoue du monde alors que c'est même pas encore prêt à tatouer sur de la peau de cochon. Quand j'étais à ce niveau là, j'osais même pas encore acheter une fucking machine.


C'est un peu comme si quelqu'un demandait à un prof de conduite "hey ça fait une coupe de semaine que je conduis mon char... les feux clignotants comment ça marche??" . Il est juste fuck all au niveau qu'il devrait être. C'est là que je me suis rendu compte que présentement, il n'y a pas vraiment de façon pour un débutant sérieux dans sa démarche de savoir s'il est prêt à commencer, et c'est précisément là que ce situe le problème: c'est tellement simple de s'acheter de l'équipement que ça donne l'impresssion que tout est hyper facile. Quelqu'un peut s'acheter un starter kit sur ebay et commencer à tatouer le jour même... avant de se rendre compte après sa première ligne (disons tentative de ligne) que de faire rentrer des pigments dans la peau de façon consistante, c'est pas si évident que ça. Il se retrouve ensuite avec un tatouage à moitié fait et un client qui demande un remboursement... Ce qui est un peu dommage, parce que se faire rembourser vingt dollars alors que t'es condamné à porter un chandail manche longue pour le restant de tes jours, rendu la on s'en sacre pas mal.


Autodidacte, ou pas?


L'affaire avec l'autodidactisme, c'est que c'est pas tout le monde qui est fait pour ça. C'est bin plate mais c'est comme ça; certains sont capable de progresser seul, et certains ont besoin d'encadrement.


Pour savoir où tu te situe, c'est simple, si t'as besoin de demander à quelqu'un pour savoir des choses comme "quel voltage mettre pour le color packing", "quelle distance faire dépasser l'aiguille de la buse" ou encore "quelle aiguille prendre pour faire du whip shading", alors ça veut clairement dire que t'es pas un autodidacte. Parce que si t'étais autodidacte, t'aurais été facilement capable de trouver la réponse tout seul. Et quand quelqu'un est incapable de trouver cette réponse-là toute seule, la première chose qui me vient en tête, ce sont les questions dont elle n'a même pas conscience de l'existence, les vraies questions comme "qu'est-ce qui arrive quand on injecte l'encre dans l'hypoderme au lieu du derme", ou encore "comment éviter la contamination croisée", parce que quand on ne fait pas des recherches de la bonne façon, c'est facile de commençer sans être au courant d'un paquet d'informations fondamentales. Le genre d'informations fondamentales qui au bout de quelques années vont faire la différence entre ça:



Et ça:



Savoir ce qu'on ne sait pas


Un aspect important de l'autodidactisme, c'est de savoir ce qu'il faut apprendre. Et comme je l'ai mentionné plus haut, c'est exactement là que la plupart des gens se plantent: ils apprenent ce qu'ils pensent devoir apprendre, mais ne prennent pas en compte qu'il y a des choses à apprendre dont ils ignorent complètement l'existence.


Par exemple, si quelqu'un apprend à jouer de la guitare, mais qu'il ne sait pas qu'il y a une façon correcte de tenir un pique de guitare, alors il va se lancer dans les accords de base sans même se rendre compte qu'au moment d'apprendre ses gammes, il va jouer fucking tout croche. Si quelqu'un apprend à utiliser photoshop et qu'il ne sait pas qu'il faut apprendre à utiliser les raccourcis clavier avant d'apprendre à se servir des différents outils, il ne va jamais se rendre compte qu'il travaille littéralement trois fois moins vite que quelqu'un qui a apprit correctement.


Dans le cas du tatouage, c'est un paquet de facteurs qui entrent en jeu. Quelqu'un peut apprendre à tatouer en se servant d'une position inadéquate de sa machine, et ça va lui prendre des années avant de se rendre compte que s'il désire s'améliorer, il doit repartir à zéro. Quelqu'un peut aussi tatouer pendant plusieurs années avant de se rendre compte que sa technique de stérilization n'est pas efficace et qu'il a refilé l'épathite B à un paquet de monde.


Le bon mindset


La fermeture d'esprit du monde du tatouage est donc, bien malgré elle, un mal nécéssaire. Oui, l'attitude de l'industrie n'empêche aucunement les scratchers de fonctionner, et en tant que filtre, c'est vraiment pas vargeux. Mais en tant que rite de passage, par contre, c'est une toute autre histoire. Si à mes débuts quelqu'un avait répondu à toutes mes questions au lieu de me forcer à chercher et expérimenter par moi-même, je serais pas mal moins avancé aujourd'hui. J'aurais pas autant creusé pour mes infos, et j'aurais passé à côté de beaucoup de notions importantes. J'aurais continué à avancer là dedans, sans jamais vraiment me demander si c'est bel et bien une vocation qui me convient. Et par dessus tout, j'aurais commencé à tatouer bien avant d'être prêt.


Donc selon moi, la barrière d'accès à l'information du tatouage, c'est un peu comme un prof qui est plus sévère avec les élèves qui ont du potentiel. Il veux te pousser à bout, te forcer à donner tout ce tu peux. Le mur que les débutants frappent quand ils apprennent à tatouer, c'est ça qui leur permet de pleinement réaliser qu'on ne peux pas être tatoueur juste pour le fun (donc si tu prévois te lancer là-dedans sans l'idée d'en faire ta carrière, rend service à la peau du monde et change de hobby), et que pour apprendre à tatouer comme du monde, il faut y dédier temps et énergie. Si la personne voit ça comme un sideline, ça marchera juste pas.


La difficulté à tobtenir de l'information, c'est donc pas vraiment pour empêcher les caves d'agir en caves. C'est pour s'assurer que ceux qui ont du potentiel réussissent à s'en servir. Si quelqu'un de sérieux veux apprendre par lui-même, il va vite faire face à un mur, et c'est ce mur-là qui va déterminer si la personne à vraiment ce qu'il faut pour se lancer là-dedans sans l'encadrement d'un mentor. Et ce mur-là, c'est à la personne de le surmonter. J'vais pas le briser à sa place.


Bref


Au final, je ne veux pas décourager les gens à se lancer dans le tatouage en tant qu'autodidactes, parce que c'est exactement ce que j'ai fait, et ça été pour moi une expérience incroyable. Mais à la seconde ou un soit-disant autodidacte me demande conseil, il vient de me prouver qu'il n'a probablement pas ce qu'il faut pour apprendre tout par lui-même, parce que dans le cas contraire il n'aurait simplement pas besoin de mon aide. Dans ce cas-là, la réponse est simple: prendre le chemin traditionnel et devenir apprenti dans une shop.


Un autodidacte, c'est pas sensé avoir besoin d'aide. Donc si t'es un autodidacte, c'est correct, mais assume. Et si t'as besoin d'aide, va chercher de l'aide. Arrête de te faire croire que tu peux te lancer là-dedans tout seul, et deviens apprenti au lieu de courir le risque de scrapper la peau du monde.

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