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Writer's pictureGuillaume Ricard

Cinq choses à ne pas dire à son tatoueur!

Updated: Nov 15, 2018



Chaque fois que je sors de chez moi, j'essaie autant que possible d'éviter d'agir en douchebag (duh).


Ça inclut aller dans un bar et ne pas être le mec qui braille parce que le barman a fait son last call, aller au resto et ne pas être le trou-duc qui assume que la serveuse peut être partout en même temps, et aller à l'épicerie et ne pas être le client blazé qui demande à voir le gérant parce qu'il ne reste plus sa sorte favorite de poptarts sur l'étagère. En gros, de s'assurer de pas être «cette personne là».



Comme pour toute industrie fournissant un service au public, le tatouage comporte son propre lot de choses gossantes que les clients devraient essayer tant bien que mal d'éviter. Pour la plupart du monde, éviter de tomber sur les nerfs de quelqu'un avec qui on fait affaire, ça semble assez simple, mais quand on a aucune idée de l'étiquette ou du code de conduite en place, c'est facile de risquer de faire chier quelqu'un de qui on voudrait obtenir le meilleur service possible.


Bien-sûr, à moins qu'il soit vraiment une marde, un artiste ne va pas donner un tatouage de moins bonne qualité à un client juste parce qu'il est ennuyant. Mais quand-même, selon moi, être capable de ne pas être «cette personne là» avec les gens autours de nous, c'est une qualité qu'on devrait toujours aspirer à avoir.


Donc si vous êtes en préparation pour votre premier tatouage, ou si vous avez de la misère à comprendre pourquoi votre tatoueur à l'air de grincer des dents chaque fois qu'il vous voit, voici 5 petits trucs qui peuvent rendre la vie plus facile à tout le monde! (Contrairement au précédent article que j'ai écrit sur l'étiquette du tatouage, les points qui suivent ne sont pas vraiment une question de respect (ex: manquer de ponctualité), mais bien de ne pas compliquer la vie de votre artiste inutilement sans vous en rendre compte.)


#1: Préciser ce qu'on veux après avoir terminé


Quand je viens juste de terminer un tatouage et que le client me dit tout bonnement quelque chose comme: “Cool mainteant as-tu des idées pour faire un background qui va fitter avec?”, j'éprouve un feeling très spécifique:



C'est pas vraiment de la rage... ni de la colère. C'est surtout un mix de désespoir, d'exaspération et d'incompréhension... Je sais bien que le client ne veut pas mal faire, qu'il n'a juste pas pensé à ça avant, mais god damn que ça me purge.


Ça m'exaspère, parce que c'est pas du tout le même dessin que j'aurais fait si j'avais su dès le départ que le client voulait rajouter quelque chose par la suite. Si par exemple un client me dit qu'il veut éventuellement rajouter de la couleur dans son tatouage, je vais faire les ombrages en conséquense. Si client me dit que la pièce qu'il veux va faire partie d'une manche, je ne vais pas la dessiner de la même façon que si elle va rester seule. C'est aussi très ennuyeux de se faire demander de rajouter des éléments additionnels à un tatouage alors qu'on a pris le temps de créer une composition, une balance dans les éléments dessin pour s'assurer que ça soit aussi s'a coche que possible. Ça vient toute scrapper le reste!


C'est un peu comme si un chef cuisinier faisait un effort particulier pour que son met soit assaisonné de façon impeccable , aie une présentation irréprochable avec une balance parfaite entre les différentes saveurs et textures, pour ensuite voir le client noyer le tout dans trois onces de ketchup.




#2: Être horriblement vague


Certains clients veulent des gros projets, certains emmènent leur dessin avec eux parce qu'ils ont un ami qui pense savoir dessiner (okay des fois ils savent dessiner pour vrai mais bon), certains veulent un gros projet consistant de la reproduction exacte d'une image pinterest de 400 pixels de large (s'ils vous plait tout sauf ça), et d'autres veulent quelque chose qui peut être facilement dessiné juste avant le tatouage. Mais dans tous les cas, l'artiste a besoin de savoir ce qu'il s'apprète à faire avant de céduler un rendez-vous.


Je ne vais pas céduler une consultation si c'est pour un tatouage qui prend littéralement dix minutes à compléter, et je ne vais pas non-plus céduler un tatouage direct si je dois mettre plusieurs heures sur le dessin avant. Et non, j'vais pas calquer la photo de tatouage sur ton cellulaire.




Mais jusqu'ici, c'est pas vraiment un problème, je ne m'attend aucunement à ce qu'un client qui communique avec un artiste sache d'avance exactement quels détails inclure dans son message. Le client non-plus ne peut pas lire dans les pensées, tsé. Par contre, ça me fait capoter à quel point ça semble parfois horriblement pénible de répondre à des questions simples comme “quelle grandeur tu le veux?”, ou encore “c'est quoi ton projet?”.




C'est comme si j'me pointais dans une quincaillerie en disant “Bonjour, j'voudrais des planches de bois pour construire un mur”, et qu'après m'être fait demandé la mesure des planches, je réponde “La longueur d'un mur”. Voyons donc!


C'est à l'artiste de juger si un tatouage va devoir être dessiné d'avance ou s'il peut être fait le jour-même du rendez-vous, si un dessin peut être reproduit sans être modifié d'avance ou pas, ou si un tatouage peut être créé à partir d'une photo. Et pour ça, il doit savoir le format, l'emplacement et le style du tatouage en question, en plus de savoir si le cient dispose d'une image ou un dessin. Avant de savoir tout ça, impossible de pouvoir céduler quoi que ce soit. Alors inutile de dire que “une phrase”, “une étoile” ou encore “une croix”, ça donne fuckall d'information sur ce qu'il y a à faire.


-Salut, je voudrais un tatouage. C'est super simple on peut le tatouer direct. Tu serais dispo quand? -Okay, peux-tu m'en dire plus sur le tatouage en question avant qu'on cédule? -Une croix. Combien ça coute pour une croix? -Raaarrhrhrhggh


#3: J'te laisse carte blanche!


Encore une fois, l'artiste a besoin d'un minimum de précision. Le réel problème ici, c'est pas vraiment de vouloir laisser de la liberté au tatoueur (ce qui est toujours très apprécié), mais bien le fait que trop souvent, le client dit ça simplement parce qu'il n'a pas une maudite idée ce qu'il veut.


Être un artiste, ça veux pas dire lire dans les pensées! L'artiste a beau savoir ce qu'il fait, ça ne change pas que c'est pas tout le monde qui a les mêmes goûts. Parce qu'on s'entend, une carte blache, c'est large. Fucking large. Et personnellement, si on me laisse réellement carte blanche, mon premier réflexe c'est de trouver quelque chose de fucked up que j'ai longtemps voulu faire mais que personne n'a eu le gutz de se faire. Autrement dit, probablement pas quelque chose que le client va vouloir. C'est pour ça que même si on désire laisser le plus de liberté possible à l'artiste, c'est important de quand-même s'assurer d'être clair sur le style qu'on veut, les choses qu'on aime et qu'on aime pas, ainsi que les différents éléments qu'on désire dans son tatouage.


-J'aimerais ça avoir un griffon. Pour le reste j'te laisse carte blanche! -(après avoir vu le dessin) Okay j'aime ça mais j'suis pas certain pour la position qu'il a! Peux tu le faire d'une autre façon? -Heumm okay c'est nice, mais pourrais-tu faire la patte du griffon genre un milimètre plus longue? -Okay c'est parfait, mais pourrais tu pointer son bec un peu plus vers le haut? -Okay c'est good, mais peux tu la faire juste complètement différente? Fais-là plus en style cartoon, j'ai pas pensé de te le dire mais c'est ce style là qui me plait. -Okay parfait mais j'aimerais qu'il aie de plus grosses griffes. -Oh pi by the way j'voulais pas de couleur. J'aime pas ça la couleur. J'veux principalement mettre le linework en valeur avec un shading black and grey très léger.


Carte blanche, quoi! (histoire vécue).


En gros, beaucoup de clients qui donnent carte blanche vont ensuite se retrouver à demander un paquet de modifications au dessin que l'artiste a produit, parce qu' ils n'avaient pas vraiment pris le temps de penser à toutes les variations possibles que leur dessin pouvait comporter. Y'a pas grand chose de plus frustrant que d'apprendre que le client voulait un style en particulier après avoir travaillé trois heures sur son dessin.


#4: Appeler la machine un “gun


Dans la culture des tatoueurs, c'est hyper mal vu d'appeler une machine un “gun” à tatouer. Personellement ça me passe six pied par dessus la tête, mais pour beaucoup d'artistes c'est vu comme un terme presque dérogatoire, un peu comme le “n-word” des tatoueurs. Tellement que si quelqu'un cherche à devenir apprenti et a le malheur d'utiliser le terme, il va habituellement complètement ruiner chances.


Ça vient principalement du fait que c'est le terme que la plupart des tatoueurs crasse qui opèrent dans leur garage utilisent en parlant de leur machine à tatouer. Alors quand on entend quelqu'un dire “un gun à tatouer”, on l'associe automatiquement à un genre de manque de professionnalisme, voir-même un non-respect du medium. The more you know!


#5: Demander un estimé pour quelque chose d'impossible à estimer.


Encore une fois, c'est principalement un problème de manque de précision. De la même façon que le tatoueur doit connaître en détail le projet du client avant de pouvoir céduler un rendez-vous, il doit aussi connaître tous les détails avant de pouvoir produire un estimé qui fait du sens.


Le plus drôle, c'est quand un client me demande combien coûte une manche ou une demie-manche, ce à quoi je répond habituellement “entre 500 et 5000$” ce qui est évidemment une réponse de marde. À question de marde, réponse de marde!

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